MICHAEL ALLMAN BLUES: Travels Fast(2020)

Cet Allman-là est sur la route depuis un bon moment mais sa carrière musicale est restée plutôt confidentielle. Michael est le premier fils de Gregg (qu’il a eu avec une danseuse de bar). Ses parents s’étant séparés peu de temps après sa naissance, il n’a pratiquement pas connu son père. Il devra attendre 1985 pour que Gregg Allman reconnaisse qu’il s’agit bien de son fils. Les photos révèlent une ressemblance certaine entre Michael et son illustre paternel (traits assez similaires, longue chevelure, barbe, tatouages). Par contre, la voix du fiston ne sonne pas du tout pareil (contrairement à Devon Allman). Claire, relativement aiguë et agréable, elle se pose parfaitement sur les morceaux de cet album sympathique. Le « southern country-rock » « Blues travels fast » donne le ton avec un bon solo de guitare en son clair. On est bien en territoire sudiste. Le « southern boogie-blues » « Goin’ back to Daytona » se rapproche du « Statesboro blues » de l’Allman Brothers Band. Joué en mode mineur sur un tempo assez rapide, “Midnight blues” offre un excellent solo de six-cordes délicatement saturée, soutenue par un piano électrique à la Atlanta Rhythm Section. « Brown liquor blues » (un country-blues au tempo vif et sautillant) est interprété à l’ancienne (section rythmique, piano et slide) et évoquerait un peu le « Pony boy » de Dickey Betts sur l’album « Brothers and sisters » de l’ABB. Teinté de soul et décoré d’un solo de saxophone, le splendide slow « Feeling so bad » est la chanson idéale pour faire craquer les filles en fin de soirée. Michael balance aussi un bon « delta blues », accompagné seulement d’un dobro (« Sun don’t shine »). Ce « Blues travels fast » se révèle donc comme un très bon disque de musique sudiste. Même s’il ne l’a pas beaucoup fréquenté et sans doute sans le vouloir, Gregg Allman a quand même insufflé une part de son talent à ce fils oublié. On ne peut pas lutter contre l’hérédité.

Olivier Aubry